La plume de Christine

Bonjour chacun.e.

Je vais vous raconter une rencontre, et un fruit de cette rencontre.

Je rencontre Christine Leroy au cours d’un vide-maison (oui, je sais, ça fait trois fois le mot rencontre en deux lignes, et même maintenant quatre. C’est un joli mot, je le célèbre). Quelques échanges plus tard, nous nous rendons compte que nous avons des intérêts communs. Plus précisément, des centres d’intérêts qui ont des points communs. Je m’explique :

Christine philosophe. Un de ses sujets d’étude et de prédilection est le concept de « portance » ; voilà la définition du terme : « résonnance émotionnelle entre deux personnes, telle que la personne affaiblie se sent soutenue pour se relever et devenir un sujet ». Oui, oui, vous pouvez relire et méditer …

Dans ma pratique de clowne en EHPAD, avec mes complices d’intervention, nous proposons un espace pour créer une relation avec le résident ou la résidente, qu’il ou elle choisit de rejoindre ou non. Le/la résident.e est au centre, et est pleinement acteur dans la relation.

Quelques mois et un confinement plus tard, Christine se joint à nous pour une intervention à l’EHPAD de Longjumeau. Elle en est témoin, et l’analyse au travers des concepts qu’elle approfondit en philosophie. Ensuite, chacune de nous, intervenantes du groupe clownup est interviewée sur ses pratiques, motivations, bonheurs, questionnements et difficultés pour les interventions en EHPAD.

Toute cette matière est ensuite passée au tamis de la plume de Christine ; elle en tire un article qui vient enrichir un livre qu’elle dirige sur le sujet de la portance.

Et ce livre vient d’être publié ! Il s’intitule ‘pesanteur et portance’. Voici un extrait du texte nous concernant, écrit par Christine (j’aime bien comme elle a écrit sur nous, alors je partage).

« Sous le regard d’une animatrice de centre, en particulier Lydie Mercier à l’EHPAD de Longjumeau (91), il s’agit pour les intervenantes de rendre visite à une personne pour créer une relation singulière et précieuse, relation facilitée par le jeu. Le clown de soin décale ainsi l’ordinaire jusqu’à l’absurde. Surtout, il place la personne dépendante au centre d’un événement unique pour l’élever à sa propre dignité de sujet. Elle devient actrice à part entière d’un collectif. Certes, les clowns – deux par intervention, parfois accompagnées d’une musicienne altiste – jouent de leur personnage, chacune ayant un nom dédié : Nioche, Ciboulette, Rose Bigoudi, Mam’zelle Brin’Dille, Babouche, Léontine, Madame Auz’Art. Ce faisant, l’objectif des interventions est avant tout de donner à vivre à la personne âgée dépendante une expérience unique, dans un espace-temps dédié, au cœur d’une alliance dont elle sera l’héroïne. »

C’est la fin de mon histoire – enfin je crois que c’est plus littéraire d’écrire ‘ainsi s’achève mon histoire’ – , et j’espère qu’elle vous a plu…

Cécile de Verneuil (alias Rose Bigoudi)

Comme il faut respecter les auteurs dans les formes, voilà ce qui doit accompagner le texte : Clown Up en EHPAD. Relever dans l’Être’, paru dans ‘Pesanteur et Portance. Une Ethique de la gravité’. Ouvrage collectif dirigé par Christine Leroy et Chiara Palermo, paru  aux éditions Hermann en décembre 2022